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kulturclub
7 décembre 2008

L'oreille interne

J’ai lu il y a quelques jours L’oreille interne de Robert Silverberg, un livre qui raconte l’histoire d’un dénommé David Selig, et j’en perçois encore aujourd’hui comme l’effet sonore que produit un écho déclinant.

J'ai trouvé ce livre un samedi après-midi à la librairie du cinéma Mk2 Bibliothèque. Je regardais, un peu à tout hasard, les livres des rayons policiers et science fiction qui sont proches l’un de l’autre. Je dis à tout hasard parce que je n’aime pas spécialement les polars ou la SF, mais parfois, à la marge de ces deux genres, il y a eu des livres ou des films et des personnages que j’ai vraiment appréciés. Je pense aux romans de Jérôme Charyn parus dans la collection Série Noire, aux enquêtes de Pepe Carvalho le détective de Manuel Vasquez Montalban, je pense aux films Brazil, Bienvenue à Gattaca ou Solaris. Bref, je pense trop et quand je ressors de la librairie avec ce livre (L’oreille interne) dans la belle collection Folio SF à la couverture gris métallique, je constate que mon vélo a disparu. On m’a volé mon petit vélo à guidon chromé garé juste devant le cinéma ! Si j’avais eu le don de lire dans l’esprit des voleurs de bicyclette, j’aurais moins traîné à la librairie …

Justement David Selig possède ce pouvoir de télépathie. Il possède ce don incroyable de percevoir les pensées des gens qui l’entourent. Dans le métro, dans la rue, au restaurant, où qu’il soit, il se branche sur l’esprit des personnes autour de lui et parvient à capter leurs ondes mentales. Il possède cette faculté depuis sa naissance mais il n’en a jamais parlé à personne. Lorsqu’il était encore enfant, ses parents, parfois surpris par certaines réactions de leur fils, l’ont emmené consulter un psychiatre, mais le jeune David a lu les bonnes réponses dans l’esprit du sympathique Dr. Hittner. Malgré ce don incroyable, ou peut-être à cause de lui, David mène une existence plutôt solitaire. Car en fouillant dans les pensées de ses amis, de ses rencontres – il ne résiste pas à la tentation – il s’expose à découvrir ce qu’ils pensent de lui et cela peut se révéler très déplaisant. Et pourtant, malgré ces révélations désagréables, il y est attaché à ce pouvoir, Selig le voyeur, Selig le vampire des âmes. Il lance ses tentacules pour « aspirer les pensées et l’intimité d’innocents inconnus et réconforter son cœur glacé ». Oui, malgré toutes les conséquences fâcheuses, David Selig ne renoncerait pour rien au monde à son pouvoir car « Le pouvoir apporte l’extase. Les mortels viennent au monde dans une vallée de larmes et se distraient comme ils peuvent. Certains, à la recherche du plaisir, se tournent vers le sexe, la drogue, ou la télévision. D’autres ont recours au cinoche, à l’ivresse, au rami, aux éditions originales, aux croisières dans les Caraïbes. Mais pas lui. Pas David Selig. Tout ce qu’il avait à faire, c’était de s’installer tranquillement n’importe où, les écoutes bien ouvertes, et de boire les pensées portées par la brise télépathique. Sans se fouler, il menait une centaine de vies par personnes interposées. La vie ressemblait à un songe éveillé. Il n’y avait pas de murs dans l’univers où il évoluait ; il pouvait aller n’importe où et voir ce qu’il voulait. La saveur intense de l’existence. Baignée des riches fluides de la perception. Mais bien sûr tout ça c’était il y a longtemps. » (pages 108 & 109). Car à présent, son pouvoir décline …

07/12/2008 12h20

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